La proposition de loi Gaillot sur le délai d’allongement de l’IVG à 14 semaines revient à l’Assemblée Nationale les 29 et 30 novembre prochains. Pourquoi une telle insistance ? Est-ce réellement une priorité ?
S’agissant de l’avortement, cette obstination à toujours "en vouloir plus", nous fait oublier deux éléments essentiels du discours de Simone Veil de novembre 1974. Elle affirmait clairement que : « …l’interruption de grossesse ne peut être que précoce, parce que ses risques physiques et psychiques, qui ne sont jamais nuls, deviennent trop sérieux après la fi n de la dixième semaine qui suit la conception pour que l’on permette aux femmes de s’y exposer……Il est vrai que personne ne peut éprouver une satisfaction profonde à défendre un tel texte sur un tel sujet : personne n’a jamais contesté, et le ministre de la Santé moins que quiconque, que l’avortement soit un échec quand il n’est pas un drame ».
Il semble aujourd’hui que l’IVG, uniquement rapporté à un "droit fondamental", nous fait oublier la souffrance réelle des femmes devant cette décision ainsi que celle des professionnels de santé face à la difficulté psychologique de l’acte.
Les bénévoles des antennes d’écoute aux femmes enceintes en détresse, qui prennent le temps de dialoguer avec les femmes, font le constat suivant : la raison majeure de la demande des femmes à avorter est celle de la peur sous diverses formes : peur du baby-blues post-natal et de ne pas pouvoir y faire face, peur de la grossesse en soi et de ses inconvénients physiques, peur de l’accouchement, peur de "ne pas y arriver" (à élever l’enfant, parce que ce n’est pas le moment idéal, parce que ce n’est pas le bon père…), crainte de ne pas tout maîtriser, etc, etc… Force est donc de constater qu’une femme qui avorte n’est pas forcément une femme qui veut avorter !
D’autre part, pourquoi les professionnels ont-ils de plus en plus de réticences à pratiquer des IVG, notamment par aspiration ? Parce qu’ils constatent, grâce aux progrès de l’imagerie médicale qui permet de voir très tôt des fœtus en "3D", que ce sont bien des petits bébés (certes minuscules mais au développement déjà bien avancé ; rappelons que l’on voit le cœur battre à 3 semaines et les membres formés à 8) dont ils interrompent la vie. Ils ont donc bien conscience de la réalité de l’acte dont l’effet entraîne la mise en lambeau du fœtus par broyage de ses organes. Cette réalité des professionnels est à ajouter à une pénurie majeure de gynéco-obstétriciens.
Choisir la vie, qui ne cesse de dénoncer l’avortement, tient à signaler cet état de fait et espère que les parlementaires feront preuve d’honnêteté et de sens critique pour étudier ces réalités avant leur vote.
Enfin, Choisir la vie condamne aussi fermement la volonté, dans ce texte, de retirer le droit à la clause de conscience spécifique des soignants ; ce serait une atteinte majeure au principe fondamental de notre démocratie et de notre République ; celle de la liberté d’agir selon sa conscience.
Odile GUINNEPAIN
Présidente